La soirée débutera avec Les Quatre Saisons de Buenos Aires d’Astor Piazzolla, composées entre 1965 et 1970, dans l’arrangement de Leonid Desyatnikov pour violon soliste et ensemble. Cette œuvre emblématique du « tango nuevo » évoque, en quatre tableaux, l’atmosphère de Buenos Aires à travers les saisons, tout en faisant subtilement écho aux Quatre Saisons de Vivaldi. On y retrouve le style inimitable de Piazzolla, mêlant rythme, tension et lyrisme.

Viendra ensuite la Passacaille de Haendel/Halvorsen, un duo virtuose pour violon et violoncelle. Composée en 1894 par le Norvégien Johan Halvorsen à partir d’un thème de Haendel, cette pièce propose une série de variations à la fois brillantes et expressives, dans un échange soutenu entre les deux instruments.

Deux pièces de Gabriel Fauré seront également au programme. L’Élégie pour violoncelle et piano, écrite en 1880, se distingue par sa sobriété expressive et son chant intérieur. La Berceuse pour violon et piano, quant à elle, offre une mélodie fluide et délicate, typique du style de Fauré dans ses premières années.

Enfin, le concert se terminera avec deux extraits du cycle Les Saisons de Piotr Ilitch Tchaïkovski, composés en 1875-1876 pour piano solo et ici transcrits pour trio. Juin (Barcarolle), aux accents rêveurs, et Octobre (Chant d’automne), plus introspectif, évoquent deux moments de l’année à travers une écriture poétique et évocatrice.

Les trois interprètes sont issues de grandes écoles européennes. Michiko Yamada, formée à Paris, Fribourg et Berlin, se produit régulièrement en Europe et en Asie et est premier violon de l’Orchestre de la Suisse Romande. Clara Pouvreau, lauréate de plusieurs concours internationaux, partage son activité entre concerts solistes, musique de chambre et répertoire baroque. Aurore Brindel, distinguée au Concours international de piano d’Île-de-France, poursuit actuellement ses études à la Royal Academy of Music de Londres.

Un concert qui mêle les styles et les époques, dans un dialogue sensible entre les œuvres et les interprètes.

Pour cette soirée au pied du Bénal, la Tournée des Refuges réunit quatre musiciens aux parcours aussi divers que complémentaires, tous animés par une même curiosité pour les musiques du monde et une approche vivante de la scène.

Jean-Christophe Gairard – violon

Originaire de Marseille, Jean-Christophe Gairard commence le violon à l’âge de cinq ans par une formation classique au conservatoire. Très tôt attiré par l’improvisation, il élargit son horizon vers le jazz, les musiques orientales et les traditions d’Europe centrale. En Roumanie, il approfondit son jeu auprès de musiciens tsiganes et de maîtres du violon populaire, comme Tcha Limberger.

Son style mêle rigueur classique et liberté d’interprétation, avec une grande aisance dans les modes balkaniques, les rythmes asymétriques et les ornementations traditionnelles. Il se produit en solo, en trio, et au sein de projets mêlant jazz manouche, samba brésilienne, musique contemporaine ou chant lyrique. Il est également compositeur et arrangeur, et développe un travail de transmission en lien avec les musiques populaires orales.

Gaspard Panfiloff – guitare, balalaïka

Musicien autodidacte né dans les Alpes, Gaspard Panfiloff grandit entre montagnes, cinéma et musique. Il découvre la balalaïka dans sa jeunesse, instrument emblématique de la musique populaire russe, et décide de partir étudier en Russie. De retour en France, il fonde plusieurs ensembles mêlant musiques traditionnelles, improvisées et contemporaines.

En 2013, il crée la Tournée des Refuges, alliant ses deux passions pour la randonnée et la musique.

Gaspard compose aussi pour le théâtre et le cinéma, et développe des projets expérimentaux autour du son en milieu naturel, notamment dans le cadre du projet Balaba, qui associe musiques acoustiques, électroniques et bruitages de terrain.

Mohamed Abozekry – oud

Né au Caire en 1990, Mohamed Abozekry découvre le oud dès l’enfance et démontre très vite un talent exceptionnel. Il intègre à 11 ans l’Institut Arabe de Musique, puis remporte à 17 ans le premier prix du prestigieux concours international de Damas. Peu après, il s’installe en France pour y poursuivre sa carrière artistique.

Il fonde le groupe Heejaz, qui croise jazz et musiques orientales, et publie plusieurs albums salués par la critique. Il collabore avec de nombreux artistes du monde arabe, du jazz ou de la musique contemporaine, et se produit sur les scènes internationales les plus exigeantes. Son jeu de oud, à la fois virtuose et inventif, défie les étiquettes : il y mêle maqâms orientaux, improvisation libre, inflexions andalouses et accents de musique de chambre. Son dernier album, Roh El Fouad, est une méditation musicale inspirée à la fois par la tradition soufie et par les paysages intérieurs.

Alexei Derevitski – contrebasse

Contrebassiste d’origine russe né à Paris, Alexei Derevitski baigne dès l’enfance dans les musiques d’Europe de l’Est et les traditions transmises par sa famille, issue de la diaspora russe. Il étudie la contrebasse jazz, se forme également en musiques brésiliennes, funk, jazz manouche, tout en gardant un lien fort avec les musiques populaires de l’Est.

Musicien très actif sur la scène parisienne, il accompagne aussi bien des chanteurs de cabaret tzigane que des formations de jazz contemporain. Son jeu combine une grande souplesse rythmique, un solide ancrage harmonique et une sensibilité très fine au phrasé mélodique. Dans le cadre de la Tournée des Refuges, il apporte à l’ensemble solide, entre groove, contre-chants et improvisation.